Il y a 365 jours / 365 days ago

Publié le par Laura Gara

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Il était midi le 10 janvier 2015 quand je prenais la voiture pour me diriger vers l'aéroport de Perpignan. Un long voyage m'attendait. Un ciel magnifique et 18 degrès animaient mes aurevoirs avec ma famille, venue nombreuse pour voir leur petite Laura s'envoler. Dans mon ventre, c'était un ouragan d'émotion. Je ressentais de l'excitation mêlée à une angoisse de mon avenir. Qu'allais-je donc trouver là-bas ? Je n'étais jamais partie de ma ville aussi longtemps. Je n'étais jamais partie seule. Et je devais grandir en quelques heures. 

Je me souviens de mes premiers pas à l'aéroport de Belfast de façon si précise que j'ai l'impression que c'était ce matin. Très peu de personnes attendant aux arrivées. Et Rod au milieu de ces gens. J'ai de suite su que c'était lui, la personne en question. Il portait une veste noire avec écrit "Greenhil YMCA" dessus, mais je n'avais pas besoin de la voir pour savoir que c'était lui. Un trajet très chaleureux dans le minibus "Murlough house". Rod récupéra ses magnifiques femme et fille à Belfast, alors qu'elles faisaient du shopping. Et pendant tout le trajet, nous refaisions le monde. Il faisait très sombre et froid. Un peu de vent aussi. Au milieu du voyage, un peu de pluie sur le pare-brise. Et malgré un accueil plus que rassurant, un mal du pays me tordait l'estomac. Mais que faisais-je ici ? Je m'étais infligée ceci toute seule. Je voulais rentrer dès le lendemain. 

Rod s'arrêta devant la maison. Qui allais-je rencontrer ? Où allais-je dormir ? Il m'aida à décharger mes affaires et m'accompagna à l'intérieur. La salle télé. Le couloir avec les lourdes portes coupe-feu. Puis le salon. Il y avait déjà des personnes qui m'attendaient. Ils savaient que j'allais arriver vers 20h. Serrer leur main. Oublier leur prénom immédiatement. Qui étaient ces gens ? Charly me mena à ma chambre rose. Elle m'expliqua que Brenna allait arriver dans quelques jours, et qu'elle serait ma colocataire. Je posai mes valises sans décharger. J'appelai mon amie Angélique pour lui dire que je voulais rentrer. "Mais non, laisse toi quelques jours, tu paniques parce que tu ne connais pas". Et elle avait raison. Après quelques minutes, je décidai de retourner au salon et de sociabiliser. Je me sentais déjà mieux. Discuter avec des gens des quatre coins du monde, avec mon pauvre anglais, mes gestes démesurés et mon accent français, font partie de mes souvenirs les plus heureux à Greenhill. Des pâtes au gouda en guise de diner. Mes colocataires étaient déjà intrigués par ce que je mangeais. Puis, je rencontrai le reste des habitants de la maison une fois qu'ils avaient fini de travailler. Ils étaient tous vêtus d'habits techniques, de grosses vestes et de grosses chaussures, alors que j'avais des bottines à tâlons et les cheveux bouclés. De quel monde étais-je issue ? 

Après quelques jours, il était hors de question de rentrer à la maison. Au début, j'étais la pire volontaire possible, terrible à toutes les activités, empotée comme je l'ai toujours été. Je comprenais 15% de ce que les gens me disaient, et le reste du temps, je prétendais comprendre. Mais je me souviens précisément de tout ce que j'ai vécu, de toutes les sensations, les odeurs... De l'odeur de Donard Room à la texture des harnais, de la sensation de froid humide sur les mains quand tu dois assurer les gens en escalade et toucher cette corde sale et mouillée. J'entends le sifflet du haut de la tour, et les enfants hurler "all clear". Je sens l'odeur du réfectoire, le craquement du parquet sous mes pieds, et j'entends les basses de la musique du Chef, qu'il met à fond quand il cuisine. Je vois Fergie au loin et j'hurle son prénom. Je ressens la chaleur de la réception. Je marche dans l'herbe mouillée du matin, alors que je sais que cela va traverser mes chaussures et me mouiller les pieds. Je vois la vue imprenable sur Newcastle, quand il reste un peu de lumière, le matin, et  la mer qui change de couleur tous les jours. Enfin, je vois le tableau de la staff room, avec mon prénom écrit sur les programmes. Et je m'entends râler quelques fois quand je sais que je vais travailler le soir. 

Je ne peux conclure cet article en décrivant exactement ce que je ressens. Je sais que mes colocataires ressentiront la même chose. Mais il m'est impossible d'expliquer à quel point cette expérience est exceptionnelle à vivre, car c'est un mot trop basique pour la qualifier. Ma vie a changé. J'ai connu mieux que ce que j'ai toujours connu. Et quelque part, c'est dangereux, parce qu'on ne peut plus être pleinement heureux chez soi après.

Comme on dit, "l'herbe est plus verte ailleurs". Ce proverbe ne peut qu'être approprié à mon expérience irlandaise. 

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It was around midday, the 10th of January 2015 when I was hitting the road to go to Perpignan Airport. I was expecting a long trip. A wonderful sky and 18 degrees acompagnied my goodbyes with my family who came to see their baby Laura flying away. In my belly, there was a hurricane. I was feeling excited but very nervous about my future. What was I going to find there? I had never left my hometown that long before. And I was never alone. I had to grow up in a few hours.

I remember my first steps at Belfast Airport. I remember it so well that I have the feeling it was this morning. Not a lot of people waiting at the arrivals, and among them, Rod. I knew it was him at the first sight. He was wearing a black "Greenhill YMCA" jacket, but I did not need to see it to know he was the guy I was meant to meet. A very lovely lift in the "Murlough House" minibus. Rod picked up his wonderful wife and daughter in Belfast, because they were making some shopping there. And all along the lift, we were talking so much like we were creating a new world. It was really dark, wet and a bit windy. Half way, it was even raining a little bit. And despite a very warm welcome, I could not prevent myself from being homesick. What was I doing here ? It was mt choice to be in this situation. And I wanted to go home, the day after.

Rod stopped in front of the house. Who was I going to meet? Where was I going to sleep? He helped me to take my big luggages and came with me inside. TV room. Corridor with the heavy fire doors. Then the living room. There was people inside, waiting for me. They knew I was about to come around 8pm. Shaking their hands. Forgetting their names immediately. Who were those people? Charly was leading me to my pink room. She explained me that Brenna would be my roomate and would come in a few days. I just dropped my suitcases without unpacking. I called my friend Angélique and told her I wanted to go home. "Don't", she said, "just try to stay for a few days, you are panicking because you don't know anything and anyone". She was so right. After a few minutes, I decided to go to the living room again in order to socialize. I already felt better. Talking with people from all around the world, with my poor english, my huge gestures and my terrible french accent, are part of my happiest Greenhill memories. Gouda pastas for diner, my house mates were very interested in what I was eating. Then, I was meeting the rest of the volunteers, who just ended to work. They were all wearing technical clothes, big jackets and big shoes, while I was wearing hills and curly hair. Where did I come from?

After a few days, it was impossible to go home. At first, I was the worst volunteer ever, always bad in every activities, clumsy as I have always been. I could understand 15% of what people were telling me, and the rest of the time, I was pretending to understand. But I remember precisely everything of what I lived there. From the Donard Room smell to the harnesses texture, from the cold and wet feeling of touching a climbing rope in winter, while you are belaying someone. I can hear the whistle from the top of the climbing tour, and the kids screaming "all clear" after that. I can smell the dining hall, feel the wooden floor creaking under my feet, and I am hearing the smothered music from the kitchen, when the Chef is putting the music loud while he is cooking. I can see Fergie far away and I am screaming his name. I can feel the warmth of the Reception. I am walking on the grass in the morning, even though I know my feet are going to be wet inside. I can see the beautiful sight of Newcastle, when there is still some lights, in the morning. And I can see the sea that is changing of colour everyday. Finally, I can see the Staff Room wall, where there is my name on the programmes. I can even hear me complaining sometimes, because I am going to work by night.

I cannot end this article and describe exactly what I feel. I know my house mates will be able to feel what I feel. But it is impossible to explain how much this experience is unique because the word is too basilar to describe it. My life has changed. It was better than before. And somehow, this is dangerous, because you cannot expect to be completely happy at home after that.

In French, we say that you can find better when the grass is greener somewhere else. I guess this proverb is the most appropriate in my irish situation.  

Il y a 365 jours / 365 days ago
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